TRAGÉDIE MORTELLE&ACCIDENT DU TRAVAIL: DES DIZAINES DE TRAVAILLEURS SONT MORTS DANS L'USINE DE NICKEL EN LIEN AVEC LE PROJET STRATÉGIQUE NATIONAL (PSN) DU PRÉSIDENT JOKOWI.

Communiqué de l’association des syndicats indonésiens GSBI   (Centre de lutte des travailleurs Indonésiens) TRAGÉDIE MORTELLE & A...




Communiqué de l’association des syndicats indonésiens GSBI 

(Centre de lutte des travailleurs Indonésiens)

TRAGÉDIE MORTELLE & ACCIDENT DU TRAVAIL : DES DIZAINES DE TRAVAILLEURS SONT MORTS DANS L'USINE DE NICKEL EN LIEN AVEC LE PROJET STRATÉGIQUE NATIONAL (PSN) DU PRÉSIDENT JOKOWI.


« PT ITSS (Indonesia Tsingshan Stainless Steel) IMIP (Indonesia Morowali Industrial Park) - et le gouvernement indonésien doivent prendre en charge l’entière responsabilité de toutes les victimes de l'explosion du four de la fonderie de nickel de l’entreprise PT ITSS, et fournir une indemnisation adéquate et des garanties de subsistance pour les familles des victimes ainsi que des garanties de scolarisation et d’accès à l’emploi pour les enfants des victimes décédées. »

Le Centre de lutte des travailleurs Indonésiens (GSBI) exprime sa profonde inquiétude et ses condoléances à toutes les victimes de l'explosion, le dimanche 24 décembre 2023, de la chaudière de la raffinerie PT ITSS (Indonesia Tsingshan Stainless Steel), l'une des entreprises de la zone de PT IMIP (Indonesia Morowali Industrial Park).

Depuis la première diffusion de ce communiqué, le nombre de victimes a continué à augmenter : le premier jour de la tragédie 13 travailleurs sont décédés et maintenant (le 28/12/2023) 6 personnes additionnelles. Au total ce sont, pour l’instant, 19 travailleurs décédés (13 personnes sont décédées sur les lieux et 6 autres personnes sont mortes de la suite de leurs blessures à l'hôpital) ; par ailleurs environ 32 travailleurs ont été gravement blessés et sont encore hospitalisés.

Cet incident n'est pas le premier depuis l'ouverture des mines de nickel à Morowali en 2015, qui fait partie du Projet Stratégique National (PSN) du Président Jokowi. Il y a eu 20 incidents graves violant la sécurité des travailleurs enregistrés depuis sa création jusqu’au mois de décembre 2023. Les entreprises d'extraction de nickel intégrées au Projet Stratégique National (PSN) ont connu à plusieurs reprises des incidents similaires à la catastrophe du 24 décembre et continuent de provoquer la mort de dizaines de travailleurs et d’occurrer des blessures modérées ou plus graves, voire des conditions d’invalidité permanente chez des centaines de travailleurs.

En outre, le Projet Stratégique National (PSN) ainsi que le secteur industriel, sont mis en avant comme soutenant la transition énergétique, car ils fournissent les minerais nécessaires à la production des batteries notamment des voitures et motos électriques ! C'est l'un des

« modèles de transition énergétique équitable » du gouvernement Jokowi !

Selon différentes sources directes et indirectes, le syndicat GSBI a été informé de la médiocrité, des limites et de la superficialité de la mise en œuvre des normes de Santé et Sécurité au Travail (SST) au sein de l’entreprise PT ITSS. Comment pourrait-il en être autrement ? Prenons par exemple les ambulances : La zone industrielle IMIP fait plus de 2 000 hectares (note de traduction : 1/5eme de la ville de Paris), 31 sociétés (mines, fonderies, raffineries…) se côtoient, et il y a 5 ambulances disponibles. Par ailleurs, au sein de l’entreprise PT ITSS, le nombre d’agents chargés de STT (Santé & Sécurité au Travail) est inférieur au seuil minimum requis par la loi locale n°1 de 1970 concernant la sécurité du travail. Alors que cette loi impose 1 agent de SST pour 100 travailleurs ainsi que des critères sur la composition des responsables SST, certains des responsables sont des travailleurs étrangers qui ne parlent pas indonésien et qui de fait ne peuvent coordonner les actions sur le terrain. D'après des sources directes de GSBI, les responsables SST sont munis de casques de couleur orange pour qu’ils soient reconnus en cas de problème ; pour autant lorsque cette tragédie s'est produite, pas un seul responsable SST n'était disponible pour fournir les premiers secours. Plusieurs travailleurs sont morts en sautant au moment de l'explosion parce qu'ils n'ont pas pu être évacués et parce qu'il n'y avait pas d'itinéraire d'évacuation ni de sortie de secours sur le lieu de travail pendant l'incident.

Depuis que la nouvelle de l'explosion du four de la fonderie de PT ITSS a été reprise par les médias nationaux, différentes agences gouvernementales, dont le Ministère de Coordination des Affaires maritimes et de l'Investissement, la police, etc. se s’empressent d'envoyer des équipes pour mener des enquêtes et trouver la cause de l'incident.

GSBI pense que les résultats ne seront pas très différents de ceux de l'explosion du four de PT GNI qui a déjà coûté la vie à deux travailleurs en décembre 2022. Jusqu'à présent, les résultats de l'enquête n'ont jamais été rendus publics. Les travailleurs qui ont diffusé la nouvelle de l'explosion du four de la fonderie PT ITSS vont d’intimidation en intimidation : menace de licenciement et ainsi de suite, les menaces étant relayées par les chefs d’ateliers lorsqu’ils donnent des consignes de production et au sein de différents groupes WhatsApp utilisés par les travailleurs.

L'indemnisation des travailleurs décédés à la suite de cette tragédie meurtrière a été annoncée par l'entreprise comme s'élevant à 600 millions de Roupies (Note de traduction : environ 35 000 euros) alors qu'elle n'était auparavant que de 170 millions Rp (Note de traduction : environ 10 000 euros ). Pour GSBI, il est normal que les familles des travailleurs décédés soient indemnisées à hauteur du nouveau montant. Cependant, ce montant n'est évidemment pas comparable à la perte de la colonne vertébrale de la famille et ce pour toujours. Ainsi, en plus de l'indemnisation, l'entreprise et le gouvernement doivent/devraient garantir à la famille et aux enfants des victimes décédées des moyens de subsistance, y compris la garantie de l’éducation des enfants jusqu'à l'âge adulte et celle d'un emploi pour les autres membres de la famille.

L'Indonésie a le deuxième taux de déforestation le plus élevé au monde, après le Brésil. L'ouverture et l'expansion à des monocultures et à des plantations à grande échelle d’huile de palme, de bois pour la pâte à papier et le papier, à des mines de nickel, de charbon, d'or, de pétrole, et l’installation de fermes destinées à l’industrie agroalimentaire…, entraînent la perte de la forêt et une dégradation des sols à grande échelle. Ces pratiques ont entraîné des émissions de gaz à effet de serre représentant environ 79 % des émissions totales de l'Indonésie, quatrième plus grand producteur d'émissions de gaz à effet de serre au monde en 2015, tout en déracinant des communautés de leur espace de vie.


Le fait est que la politique de « nickel downstreaming » (Note de traduction : traitement en aval des minerais extraits) n'est pas aussi douce que l'idée que s’en font le président Jokowi, et son fils Gibran, actuellement candidat de Prabowo à la vice-présidence en vue de la future élection de 2024. Outre les dommages causés à l'environnement, la vie des ouvriers qui y travaillent continuera à être l'objet de la "férocité" d'un environnement de travail quinéglige de mettre en œuvre les normes de Santé et Sécurité au Travail. Tant qu’il n'y a pas d'amélioration fondamentale de la réglementation sur la Santé et Sécurité au Travail et que le gouvernement ne s’engage pas à faire respecter le droit du travail, la tragédie mortelle des accidents du travail continuera à se produire.

Pour le GSBI, l’intégration aval du nickel (downstreaming) du gouvernement Jokowi, qui aura un impact positif sur le progrès économique et le bien-être de la population, est qu'un "non- sens et un gros mensonge" à l'égard du peuple indonésien. En effet, ce projet prive les populations de leur droit à un environnement sain, de leur droit du travail, notamment avec la loi Omnibus sur la création d'emplois, et ôte la vie aux travailleurs dans des conditions de travail ignorant les normes de Santé et Sécurité au Travail, tout en ayant détruisant l'environnement/la terre. En outre, cela renforcera encore la servilité du gouvernement Jokowi qui donne un tapis rouge aux oligarques et aux entreprises capitalistes monopolistiques étrangères, qui reflète aussi une forme d’impérialisme. En effet, l'exploitation en aval sans stratégie d’industrialisation nationale, comme c'est le cas actuellement, ne fera qu'élargir et faire progresser les industries de pays étrangers tels que la Chine, qui absorbe environ 90 % des exportations indonésiennes de nickel et génère des superprofits pour l’industrie chinoise. Ce faisant, elle exacerbe l'injustice au sein du programme de transition énergétique et maintient l'Indonésie comme un pays producteur de matières premières et semi-finies bénéficiant aux industries étrangères.


Sur cette base, l’association des syndicats indonésiens GSBI (Gabungan Serikat Buruh Indonesia - The Center of Indonesian Labor Struggle)] exprime sa position et ses demandes au gouvernement de la République d'Indonésie :

1.                   PT ITSS - IMIP et le gouvernement indonésien doivent endosser l'entière responsabilité de l’ensemble des victimes de l'explosion du four de la fonderie de nickel de PT ITSS, fournir une indemnisation adéquate ainsi que des garanties de subsistance et d'éducation aux enfants des victimes décédées. Les enfants des victimes décédées doivent également avoir la garantie de trouver un emploi pour l'avenir.

2.                   Former immédiatement une équipe d'enquête indépendante composée d’organisations syndicales, d’ONG, de la Komnas HAM (Note de traduction : Commission nationale des droits de l'homme Indonésienne) et de l'Organisation Internationale du Travail afin de garantir l’objectivité des résultats de l'enquête sur la tragédie de l'accident de travail mortel de PT ITSS.

3.                   Mettre fin à l'intimidation exercée par PT ITSS contre les travailleurs qui souhaitent signaler ou fournir des informations sur les conditions de travail qui ont causé la mort de 19 travailleurs ainsi que des dizaines de travailleurs modérément ou gravement blessés lors de la tragédie mortelle à PT ITSS – Morowali

4.                   Garantir et faire respecter les droits fondamentaux des travailleurs, y compris le droit à la liberté d'expression, le droit d'organisation, y compris le droit de grève ! Tous ces droits sont garantis par la législation indonésienne et par la convention de l'Organisation Internationale du Travail correspondante.

5.                   Mettre pleinement en œuvre et faire respecter les normes de Santé et Sécurité au Travail, et garantir la fourniture d’Équipements de Protection Individuels, complets et appropriés, conformément à la loi.

6.                   Imposer des sanctions strictes contre les violations aux normes de Santé et Sécurité au Travail, devenues monnaie courante au sein de PT ITSS.

7.                   Enfin, nous demandons que l'on cesse de prétendre que le projet du « nickel downstreaming » est un projet de transition énergétique propre. Nous demandons également que la crise climatique et qu’une transition énergétique juste soient fondamentalement adressées. A savoir : changer le système de production agricole dans son ensemble, ce qui nécessite l'élimination du pouvoir monopolistique des propriétaires terriens sur les agriculteurs ruraux, construire une industrialisation nationale qui serve le progrès du système de production agricole et l'augmentation de la productivité agricole pour la sécurité alimentaire et permettre la création d’opportunités d'emploi les plus larges possibles sans l’intervention d'investissements étrangers.

La présente déclaration est soumise pour être examinée et utilisée comme il se doit Jakarta, le 27 décembre 2023

Meilleures salutations, Conseil Central de Direction

Centre de lutte des travailleurs indonésiens (GSBI)

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